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Elle ne s’arrêta que dans le péristyle de la villa, les joues brûlantes, le souffle court. Ormé, ravi de cette course folle, s’allongea au sol pendant qu’elle s’appuyait contre une colonne, le pouce enfoncé dans la taille pour comprimer un point de côté. « Quelle sotte ! » pensait-elle, épouvantée. Qu’est-ce qui lui avait pris de dire une chose pareille ? Qu’allait-il croire ? Elle n’osait pas l’imaginer.
Marcus surgit devant elle.
— Azilis ! Je te cherchais.
Il s’approcha davantage, jouant de sa haute taille pour imposer son autorité. Une tactique qu’il utilisait depuis leur plus jeune âge – mais qui ne l’intimidait plus, il aurait dû le savoir. Comptait-il lui administrer, à froid, la gifle manquée la veille ? Elle se redressa, le menton agressif.
— Que me veux-tu ?
— Lucius Arvatenus vient dîner ce soir. Il m’a encore parlé de toi. C’est un beau parti. Crois-moi, Azilis, ce n’est pas seulement parce qu’il est mon ami. Je m’inquiète pour toi. Tu as déjà seize ans, tu ne pourras pas te comporter en gamine toute ta vie. C’est une chance que Lucius veuille t’épouser malgré tes extravagances.
— Tu es fou ! Ce rustre ! Il est plus bête qu’une enclume !
Le visage de son frère se durcit.
— C’est sans doute pour ça qu’il veut t’épouser, car je ne vois pas ce qu’il te trouve ! Qui voudrait d’une fille qui passe la moitié de son temps déguisée en homme ? Tu effrayerais un Vandale ! Quoique…
Il eut un petit rire qui la fit frissonner.
— Je sais que Lucius aime dresser les chevaux rétifs. Ce doit être ce qu’il voit en toi. Une pouliche à dompter !
Il l’attrapa par le coude et l’obligea à pivoter vers lui. Il ne riait plus du tout quand il lui siffla à l’oreille :
— Montre-toi aimable avec lui, Azilis. Bientôt, père ne sera plus là pour te passer tes caprices. Je serai le maître et je ne tolérerai aucun comportement ridicule.
Elle se dégagea, étouffant de rage et de chagrin, et se précipita vers sa chambre.